Auteur: DJIBRIL CHIMERE DIAW
Date: 28-08-05 20:57 >>> RĂ©pondre Ă ce message
LES théses de Delafosse sur l' origine des Peuls s' appuient sur la fameuse(fumeuse ) thése des Hamites qui a perdu toute pertinence .
Lam dans " les chemins du Nil" revient sur ces différentes théses.
ThĂšse de A LASNET ( " une mission au SĂ©nĂ©gal" 1900) : ''origine Ă©gyptienne des Peuls . Ils seraient des soldats de PsammĂ©tique partis chercher refuge en Ethiopie. AprĂšs l 'Ăštape Ă©thiopienne , ils seraient allĂ©s s' installer dans le Sid marocain , devenant les Ă©nigmatiques Leuco-Aethiopes des source classiques avant de descendre dans la vallĂ©e du fleuve SĂ©nĂ©gal oĂč ils se mĂ©tamorphosent en Peuls. C' est donc lĂ de vrais Egyptiens qui , Ă l' issue d' un vĂ©ritable pĂ©riple , donnent naissance , en Afrique occidentale , aux Peuls . '' LAM dit " cette thĂšse est Ă©videmment bien osĂ©e .
Pour A Arcin " Histoire de la GUinée française "1907 ''les Peuls sont une fraction de la population égyptienne .Rejetée à la suite d' une défaite face à un autre groupe , elle serait restée dans le nord-ouest du pays du pays jusqu' à l' arrivée des Perses.
Ces derniers multipliant les expéditions militaires contre elle , cette fraction prit le parti de suivre la lisiÚre nord du Sahara jusque dans le sud du Maroc, région à partir de laquelle, sous la pression berbÚre , elle gagna la région de Tichitt, puis le Fuuta- Tooro, étant devenue entre temps des PEULS.En réalité cette fraction serait les fameux Phouth de la Bible
ThĂšse de Delafosse : « En rĂ©sumĂ©, des JudĂ©o-Syriens ayant sĂ©journĂ© en Ă©gypte; Ă l'occasion de l'occupation hyksĂŽs, et donc mĂ©langĂ©s Ă des Egyptiens ont, Ă la suite d'une odyssĂ©e qui n'a rien Ă envier Ă celle du fameux hĂ©ros d'HomĂšre, atteint l'Afrique occidentale oĂč ils sont devenus finalement les Peuls. Pour Delafosse aussi ces JudĂ©o-Syriens ne seraient encore que les fameux Phouth de la Bible .Ces thĂšses , on le voit tournent autour des Peuls. Ce n'est pas un hasard: la thĂšse hamitique fait rage Ă l'Ă©poque, tout ce qui ressemblait Ă la civilisation Ă©tait immĂ©diatement rattachĂ© Ă ces Blancs mythiques venus sortir lâ Afrique des tĂ©nĂšbres de la barbarie .L'Egypte Ă©tant le phare des hamitiques dans le continent, il Ă©tait logique dĂšs lors que l'illumination partĂźt de lĂ . Les Ă©tats I peuls, le Ghana auraient Ă©tĂ© crĂ©Ă©s, dans cette optique, par des migrants venus d'Ăgypte. Ainsi il ne s'agissait plus de relations entre lâ Egypte et le reste de l'Afrique, mais d'excroissances Ă©gyptiennes en Afrique . A partir du moment oĂč le problĂšme n'est que d'expliquer l es origines de la civilisation chez les NĂšgres, les migrations venant de l'Egypte, rejetĂ©es (souvent bien plus tard ) par certains, sont parfaitement acceptables . .Câest avec ladĂ©couverte des limites de la thĂšse hamitique que l'engouement pour les grandes migrations retomba et eut comme consĂ©quence le renforcement du camp des â isolationnistesâ. »
SOURCE http://www.ankhonline.com/liv1abmlam.htm
De l'origine Ă©gyptienne des Peuls
Aboubacry Moussa Lam
Introduction
Il est des sujets qui, semble-t-il, ne sont plus dâactualitĂ©. Câest du moins lâopinion que dĂ©fendent certains spĂ©cialistes de lâhistoire africaine moderne et contemporaine : on nâa pas besoin de fouiller trĂšs loin dans notre passĂ© ; contentons-nous dâĂ©tudier les choses rĂ©centes, câest-Ă -dire les grandes dĂ©couvertes, la colonisation, la dĂ©colonisation (africaine) et lâhistoire immĂ©diate. Ce sont ces sujets-lĂ qui sont intĂ©ressants parce que permettant dâĂ©clairer bien des problĂšmes avec lesquels se trouve confrontĂ©e lâAfrique.
Certes, mais au risque de passer aux yeux de ces collĂšgues pour un "passĂ©iste", nous avons dĂ©cidĂ©, malgrĂ© le peu de considĂ©ration quâils attachent aux hautes Ă©poques de lâhistoire africaine et le mĂ©pris que certains dâentre eux nâhĂ©sitent mĂȘme pas Ă afficher Ă lâencontre de ceux qui sây intĂ©ressent, de nous attaquer au problĂšme des origines des Peuls et des Haal-pulaar-en (Toucouleurs). Peut-ĂȘtre par esprit de dĂ©fi ? Sans doute, mais surtout pour leur montrer lâinanitĂ© dâune certaine attitude qui ignore, sans raison valable, la loi de la continuitĂ© historique : les problĂšmes dâaujourdâhui plongent profondĂ©ment leurs racines dans le passĂ© le plus lointain, et des erreurs dâapprĂ©ciation ou dâinterprĂ©tation des faits actuels sâexpliquent par lâignorance ou la nĂ©gligence de cette vĂ©ritĂ© premiĂšre.
Lâhistorien, le vrai, applaudira donc Ă lâinitiative que nous avons osĂ© prendre. Il nous applaudira dâautant plus que la question que nous abordons, bien quâĂ©tant lâune des plus discutĂ©es de lâhistoire africaine, nâa pas encore trouvĂ© une rĂ©ponse satisfaisante.
Quâil nous suffise de rappeler ici lâintĂ©rĂȘt tout particulier que lâorigine des Peuls, et dans une moindre mesure celle des Haal-pulaar-en, ont suscitĂ© parmi les explorateurs, les administrateurs coloniaux et les spĂ©cialistes des sciences humaines de lâĂšre prĂ©coloniale et coloniale. Cet intĂ©rĂȘt a donnĂ© naissance Ă une abondante littĂ©rature de valeur inĂ©gale.
Avec les indépendances, les historiens africains peuvent enfin apporter leur point de vue sur une question que les passions et les préjugés raciaux, pour ne pas dire racistes, avaient rendue plus opaque que claire.
Une saine Ă©valuation sâimposait donc pour y voir plus clair. Et nous avons pensĂ© que, vu notre formation et notre appartenance Ă la communautĂ© poularophone, nous pouvions valablement tenter cette Ă©valuation. Celle de L. Tauxier qui ne concernait que les Peuls et qui date de 1937 avait besoin dâune mise Ă jour, dâautant plus que les titres se sont accumulĂ©s depuis.
Cela ne signifie pas que nous allons Ă©crire une Ćuvre encyclopĂ©dique qui prĂ©tend Ă lâexhaustivitĂ©. Un tel travail peut ĂȘtre utile. Mais nous avons choisi de limiter nos ambitions Ă la question des origines du monde poularophone, et mĂȘme dans ce domaine, nous avons cherchĂ© Ă Ă©clairer un certain nombre de problĂšmes souvent mal posĂ©s et par consĂ©quent mal rĂ©solus, plutĂŽt que de faire le tour de toutes les questions : "qui trop embrasse, mal Ă©treint" dit lâadage et la qualitĂ© dâune thĂšse ne repose pas sur le nombrede titres lus et de problĂšmes abordĂ©s, mais sur les rĂ©ponses et les Ă©claircissements quâelle apporte Ă la science.
Est-il besoin de prĂ©senter les composantes du monde poularophone aprĂšs tout ce qui a Ă©tĂ© dit sur elles par lâĂ©rudition occidentale ? Les Peuls et les Toucouleurs sont bien connus : les premiers sont les fameux pasteurs Ă bovidĂ©s de la zone soudano-sahĂ©lienne et les seconds constituent la population majoritaire de la moyenne vallĂ©e du fleuve SĂ©nĂ©gal. Le lecteur doit tout simplement sâhabituer Ă retrouver ces deux ethnies sous les noms de Pullo/Ful?e (singulier et pluriel) et de Haal-pulaar/Haal-pulaar-en (singulier et pluriel) que nous utilisons Ă cĂŽtĂ© de ceux dĂ©jĂ habituels et par lesquels les populations concernĂ©es se dĂ©signent.
Câest le moment de prĂ©ciser ici que pour nous Fulbe et Haal-pulaar-en ne sont que les deux composantes dâune mĂȘme rĂ©alitĂ© humaine originelle que le temps et les hasards de lâhistoire ont scindĂ©e en deux entitĂ©s ; nous verrons comment, tout au long de cette thĂšse.
Pour mener Ă bien notre travail, nous avons adoptĂ© une dĂ©marche qui se veut logique. Nous avons estimĂ© quâil fallait dâabord justifier la rĂ©ouverture du dossier. Ce que nous avons fait dans la premiĂšre partie de notre mĂ©moire par lâĂ©valuation critique des principales thĂšses qui ont Ă©tĂ© dĂ©fendues sur lâorigine du monde poularophone. Cette Ă©valuation a visĂ© deux questions clĂ© : celle du processus de peuplement de lâaire gĂ©ographique actuelle des groupes Ă©tudiĂ©s et celle de leur ethnogenĂšse, deux choses qui sont en rĂ©alitĂ© inextricablement imbriquĂ©es et qui ont fait lâobjet de thĂ©ories les plus originales mais aussi les plus farfelues. Au terme de cette premiĂšre partie, vu le nombre de problĂšmes mal posĂ©s et de rĂ©ponses peu satisfaisantes, nous avons estimĂ© quâil fallait reprendre lâĂ©tude du sujet en suivant les orientations que nous avions dĂ©gagĂ©es et qui nous menaient vers la vallĂ©e du Nil.
Cela explique Ă la fois le titre de notre thĂšse (lâorigine des Ful?e et des Haal-pulaar-en. Approche Ă©gyptologique)1 et lâimportance quây prennent la vallĂ©e du Nil et lâĂ©gyptologie.
Câest donc tout naturellement que la deuxiĂšme partie est consacrĂ©e Ă lâapprofondissement de la thĂšse nilotique qui, disons-le, a Ă©tĂ© celle de certains de nos prĂ©dĂ©cesseurs. Notre originalitĂ© dans ce domaine rĂ©side dans lâutilisation Ă fond des nombreuses et inestimables donnĂ©es de la civilisation Ă©gyptienne dans une comparaison fructueuse avec celle du groupe poularophone.
Lâobjectif est, bien Ă©videmment, de rĂ©gler de maniĂšre satisfaisante le problĂšme de lâorigine tant controversĂ©e des Peuls ainsi que celui de leur rapport avec le monde nĂšgre en gĂ©nĂ©ral et les Haal-pulaar-en en particulier. Ce faisant, nous rĂ©glons aussi le problĂšme de lâorigine de ces derniers, qui est, dans la plupart des cas, envisagĂ©e en rapport avec le groupe peul.
Dans cette dĂ©marche, notre mĂ©thodologie a Ă©tĂ© de rassembler un faisceau de faits et dâaboutir Ă des dĂ©monstrations "circulaires" câest-Ă -dire Ă une similitude totale entre les Ă©lĂ©ments comparĂ©s, pour Ă©carter irrĂ©mĂ©diablement le parallĂ©lisme, lâĂ©volutionnisme, et Ă plus forte raison le hasard, comme recours explicatifs.
On comprendra lâimportance dâune telle mĂ©thodologie si lâon sait que de trĂšs nombreuses Ă©tudes - pour ne pas dire toutes les Ă©tudes - qui ont Ă©tĂ© faites dans le but dâasseoir lâorigine nilotique de tel ou tel peuple nĂ©gro-africain se sont heurtĂ©es Ă des critiques dâordre mĂ©thodologique. Nous avons donc cherchĂ© Ă Ă©viter cette faiblesse qui a motivĂ© le rejet, sans mĂȘme une Ă©tude de fond, de travaux dont la valeur Ă©tait pourtant certaine. Y parviendrons-nous seulement ?
En tout cas, la diversitĂ© et la profondeur des similitudes constatĂ©es entre anciens Egyptiens et poularophones modernes Ă©branlent des certitudes et invitent Ă une rĂ©vision des a priori et des idĂ©es reçues. Câest lâeffort de dĂ©passement auquel nous convions les historiens africains. Cet appel sâadresse aussi et surtout aux Ă©gyptologues et aux africanistes pour que le contentieux scientifique qui les a opposĂ©s Ă la premiĂšre gĂ©nĂ©ration des historiens africains soit enfin vidĂ© dans lâintĂ©rĂȘt de la recherche scientifique.
Conclusion générale
Au terme de cette Ă©tude, il apparaĂźt que le travail valait la peine dâĂȘtre entrepris tant les rĂ©sultats sont importants.
Sur lâorigine des Ful?e et des Haal-pulaar-en, sujet qui nous prĂ©occupait, un certain nombre dâacquis a Ă©tĂ© fait. Les thĂšses extra-africaines sur lâorigine des Peuls semblent devoir ĂȘtre dĂ©finitivement abandonnĂ©es, du moins telles quâelles ont Ă©tĂ© formulĂ©es jusquâici. Notre travail a dĂ©montrĂ© que lâethnogenĂšse peule a bien eu lieu en Afrique, mĂȘme si elle a impliquĂ© aussi des Ă©lĂ©ments venus de lâextĂ©rieur du continent.
De mĂȘme, le caractĂšre transethnique du Peul a trouvĂ© un Ă©clairage nouveau : le Pullo nâest pas un Blanc originel qui sâest nigrifiĂ© mais un NĂšgre - culturellement et biologiquement - qui sâest mĂ©tissĂ© avec des Ă©lĂ©ments leucodermes en situation de minoritĂ© ethnique.
Cette conclusion fondamentale de notre thĂšse que Cheikh Anta Diop avait dĂ©jĂ avancĂ©e sans cependant avoir eu la possibilitĂ© de lâasseoir sur une argumentation suffisante, Ă©claire dâun jour nouveau toutes les controverses qui ont opposĂ© les diffĂ©rents savants qui se sont intĂ©ressĂ©s Ă la question peule.
En effet, elle permet, comme nous lâavons vu, de comprendre et dâexpliquer de maniĂšre satisfaisante le paradoxe apparent du matriarcat peul. De mĂȘme, lâĂ©nigme du pulaar qui a constituĂ© un vĂ©ritable casse-tĂȘte chinois pour bon nombre de spĂ©cialistes trouve une solution crĂ©dible. Le dilemme dans lequel sâĂ©tait enfermĂ© Maurice Delafosse sâexplique clairement Ă partir du moment oĂč on replace le Peul dans son cadre nĂ©gro-Ă©gyptien et nilotique. Le Haal-pulaar nâa ni prĂȘtĂ© ou empruntĂ© le pulaar Ă son cousin Peul. Cette langue Ă©tait celle dâun groupe originellement homogĂšne que son dĂ©veloppement historique a diversifiĂ©. Le phĂ©notype assez particulier du Peul ne doit pas occulter ce fait. La parentĂ© gĂ©nĂ©tique qui existe entre le pulaar, le sereer et le wolof, pour ne citer que ces langues-lĂ , ne laisse aucun doute Ă ce sujet.
Sâil faut donc trouver qui du Pullo ou du Haal-pulaar est un ĂȘtre transethnique, câest, contrairement Ă la conclusion dâAbdourahmane Ba, le premier citĂ© qui rĂ©pond mieux Ă cette dĂ©finition. Encore une fois, câest une erreur mĂ©thodologique que de vouloir rĂ©gler le problĂšme de lâethnogenĂšse des populations ouest-africaines en recourant Ă une phase historique manifestement tardive et Ă un cadre gĂ©ographique trop restreint. Câest donc Ă juste raison que nous rappelions dans notre introduction la nĂ©cessitĂ© de tenir compte de la continuitĂ© historique dans les Ă©tudes concernant les pĂ©riodes rĂ©centes.
Et par la mĂȘme occasion se trouve posĂ©e l'Ă©pineuse question de la mĂ©thodologie dans les recherches historiques. Notre thĂšse aura montrĂ© que pour certaines questions, le spĂ©cialiste dâune pĂ©riode ou dâune discipline se retrouvait trĂšs sĂ©rieusement handicapĂ© pour apporter un Ă©clairage satisfaisant. Dans de nombreux cas dâailleurs, il aboutit Ă des conclusions partielles trĂšs prĂ©judiciables Ă la comprĂ©hension des faits Ă©tudiĂ©s.
Si lâethnogenĂšse du groupe poularophone a Ă©tĂ© si malmenĂ©e par les spĂ©cialistes, câest, dans la plupart des cas, Ă cause des limites objectives quâimpose la spĂ©cialisation (nous excluons volontairement le subjectivisme manifeste de certains africanistes). En matiĂšre de longue durĂ©e donc, les collĂšgues doivent sans doute ĂȘtre plus prudents dans leurs conclusions.
Enfin cette thĂšse a fait apparaĂźtre le rĂŽle prĂ©pondĂ©rant que jouent la vallĂ©e du Nil et la civilisation Ă©gyptienne dans la comprĂ©hension des faits historiques de lâAfrique noire. Chaque fois que nous avons replacĂ© un problĂšme dans ses cadres nilotique et Ă©gyptien, tout est devenu clair comme lâeau de roche.
Il ne sâagit donc pas dâune quĂȘte dâun passĂ© glorieux mais plus raisonnablement de la recherche de lâintelligibilitĂ© des faits historiques. Lâhistorien africain nâa pas le choix. Comme le spĂ©cialiste occidental qui recourt Ă la civilisation grĂ©co-romaine pour comprendre les faits de civilisation les plus saillants de sa sociĂ©tĂ©, il doit recourir lui aussi au berceau nilotique pour la comprĂ©hension des faits historiques quâil Ă©tudie. Cheikh Anta Diop lâavait bien compris. Encore une fois, et au risque de nous rĂ©pĂ©ter, la gloire nâa rien Ă voir avec cette dĂ©marche motivĂ©e uniquement par des raisons scientifiques.
Ainsi, sans remettre en cause le rĂŽle que lâaire culturelle saharienne a jouĂ© dans lâĂ©mergence de lâunitĂ© culturelle de lâAfrique noire, le vĂ©ritable creuset de celle-ci est la vallĂ©e du Nil. Câest aussi lâun des apports majeurs de notre thĂšse. En effet, de la rĂ©gion des Grands-Lacs au Delta du Nil, nous avons vu que des parallĂšles et des similitudes trĂšs importants existaient entre les poularophones et les diffĂ©rents groupes humains de cette partie de lâAfrique.
Se pose alors le problĂšme de la dispersion des Noirs Ă travers le continent, avec comme corollaire, les fameuses migrations qui constituent lâune des questions qui ont fait lâobjet de notre attention Ă la fin de cette thĂšse. LĂ aussi, en tenant compte des remarques pertinentes concernant les jalons sans lesquels les migrations risquent de nâĂȘtre que de simples hypothĂšses de travail, nous avons fait un effort, apprĂ©ciable certes, mais qui ne peut ĂȘtre que limitĂ©, dans lâĂ©tat actuel des choses. Câest reconnaĂźtre que dans ce domaine notre thĂšse est perfectible. Nous espĂ©rons quâelle sera complĂ©tĂ©e dans les meilleurs dĂ©lais par des travaux de qualitĂ©, car le contentieux scientifique que nous Ă©voquions dans notre introduction semble ne pouvoir trouver une solution dĂ©finitive que le jour oĂč de solides jalons, toponymiques et chronologiques, borneront les axes migratoires entre les vallĂ©es du Nil et du SĂ©nĂ©gal.
NOUS DEVRONS NOUS AFRICAINS APPRENDRE A ECOUTER NOS SAVANTS ET SURTOUT A LES ETUDIER .LAM est pour moi un savant .
SOURCE http://www.ankhonline.com/kwlam.htm
Aboubacry Moussa LAM
ANKH n°1, février 1992, pp. 27 - 39.
L'Ă©tude de l'appartenance de l'Ăgypte ancienne au monde nĂ©gro-africain : instruments d'analyse et mĂ©thodologie
RĂ©sumĂ© - L'auteur prĂ©sente les outils d'investigation puissants pouvant ĂȘtre mis en Ćuvre pour Ă©tudier l'AntiquitĂ© africaine. Il est ainsi amenĂ© Ă insister sur l'approche pluridisciplinaire adoptĂ©e d'emblĂ©e par Cheikh Anta DIOP dans son interprĂ©tation du fait historique :
"Partant de l'idĂ©e que l'Ăgypte ancienne fait partie de l'univers nĂšgre, il fallait la vĂ©rifier dans tous Ies domaines possibles, racial ou anthropologique, linguistique, sociologique, philosophique, historique, etc. Si l'idĂ©e de dĂ©part est exacte, l'Ă©tude de chacun de ces diffĂ©rents domaines doit conduire Ă la sphĂšre correspondante de l'univers nĂšgre africain. L'ensemble de ces conclusions formera un faisceau de faits concordants qui Ă©liminent le cas fortuit. C'est en cela que rĂ©side la preuve de notre hypothĂšse de dĂ©part. Une mĂ©thode diffĂ©rente n'aurait conduit qu'Ă une vĂ©rification partielle qui ne prouverait rien. Il fallait ĂȘtre exhaustif" (Cheikh Anta DIOP, AntĂ©rioritĂ© des civilisations nĂšgres â mythe ou vĂ©ritĂ© historique ?, Paris, PrĂ©sence Africaine, 1967, p. 275).
Les relations entre l'Ăgypte ancienne et l'Afrique noire ont posĂ© et posent encore d'Ă©normes problĂšmes Ă la communautĂ© scientifique. Il y a en effet une sorte de controverse opposant deux camps, le premier dĂ©fendant le rattachement de la civilisation pharaonique Ă celles qui ont fait la gloire du Proche-Orient antique, et le second une appartenance sans Ă©quivoque de cette mĂȘme civilisation pharaonique au monde nĂ©gro-africain. Ce dĂ©bat, scientifique en apparence, cache en rĂ©alitĂ© des arriĂšre-pensĂ©es idĂ©ologiques que les deux camps se renvoient mutuellement, s'accusant rĂ©ciproquement de manquer d'objectivitĂ© et de sĂ©rĂ©nitĂ©. Aujourd'hui, force est de constater que le dĂ©bat est dans l'impasse, du fait que les tenants de l'appartenance de l'Ăgypte Ă la sphĂšre proche-orientale campent sur un dogme qui n'est plus Ă la page, en raison de nombreux rĂ©sultats de recherche prĂ©sentĂ©s par le camp adverse. MalgrĂ© eux cependant, certains tenants d'une Ăgypte non nĂ©gro-africaine se rendent compte qu'il n'est plus possible de s'en tenir aux arguments d'autoritĂ© qui ont fait leur temps et qu'il faut donc trouver une nouvelle stratĂ©gie. Cette derniĂšre consiste Ă faire semblant d'accepter l'idĂ©e d'une Ăgypte nĂ©gro-africaine dans un premier temps et Ă rejeter ensuite les arguments avancĂ©s, souvent, en invoquant le hasard, le parallĂ©lisme, I'universalisme. En un mot, on s'arrange toujours pour contester les rĂ©sultats proposĂ©s, parce que, semble-t-il, leur preuve ne serait pas Ă©tablie.
Cela pose donc un problĂšme de mĂ©thodologie dans la dĂ©marche utilisĂ©e par ceux qui veulent prouver que l'Ăgypte ancienne appartient bien au monde nĂ©gro-africain. C'est ce qui nous a amenĂ© Ă rĂ©flĂ©chir sur la question et Ă exposer ici la dĂ©marche mĂ©thodologique qui doit ĂȘtre celle du chercheur africain qui veut, non pas Ă©viter le rejet de ses thĂšses â parce qu'elles seront toujours rejetĂ©es par ceux qui ne peuvent pas se faire Ă l'idĂ©e d'une Ăgypte nĂ©gro-africaine â, mais s'entourer de toutes les garanties nĂ©cessaires pour que son travail soit scientifiquement acceptable.
ANKH n°2, avril 1993, pp. 19 - 27.
mr : un outil agricole Ă travers le temps et l'espace
RĂ©sumĂ© : En Ăgypte ancienne "mr ", dĂ©signe une houe qui existait en deux modĂšles respectivement grand et petit. En Afrique noire contemporaine on retrouve des outils agricoles analogues Ă la fois dans leurs formes et dans leurs modes d'utilisation. A cela s'ajoute une terminologie commune de l'espace agricole et du pouvoir terrien en Ăgypte ancienne et chez les Peuls de la rĂ©gion du fleuve SĂ©nĂ©gal ainsi que chez les Mandingues de Casamance pris comme exemples. Des faits, qui avec tant d'autres (cf. Ankh n°1), traduisent l'unitĂ© culturelle profonde existant entre les anciens Ăgyptiens et les NĂ©gro-Africains d'aujourd'hui.
Abstract â mr : A FARMING INSTRUMENT THROUGH TIME AND SPACE â
In Ancient Egypt, "mr",, denoted a large or small hoe. In contemporary Black Africa, similarly shaped hoes are used for the same agricultural tasks as in Ancient Egypt. Also, the terminology used for designating agricultural space and land ownership by Fulaani of the Senegal river region and the Mandingo of Casamance is the same as in Ancient Egypt. These are only several of numerous examples (cf. Ankh n°1) which indicate the deep cultural unity connecting the ancient Egyptians with present day Negro Africans.
ANKH n°3, juin 1994, pp. 115 - 131.
BĂątons, massues et sceptres d'Ăgypte ancienne et d'Afrique noire
RĂ©sumĂ© : L'auteur poursuit ses recherches sur la culture matĂ©rielle en Ăgypte ancienne et en Afrique noire traditionnelle. AprĂšs avoir Ă©tudiĂ© les instruments aratoires (cf. Ankh n° 2), il s'intĂ©resse dans le prĂ©sent article aux bĂątons, aux massues et aux sceptres. La comparaison des faits porte sur les termes dĂ©signant ces objets, leur forme, leur mode d'utilisation, leur attribut symbolique, etc. La mise en Ă©vidence du caractĂšre systĂ©matique des similitudes oblige Ă Ă©carter l'hypothĂšse de convergences dues au hasard et conduit, au contraire, Ă admettre l'existence de contacts directs et suivis entre les populations concernĂ©es. Se trouve dĂšs lors posĂ©e la question de l'Ă©poque et de l'aire gĂ©ographique oĂč eurent lieu ces contacts. La question de fond sous-jacente est l'identification du berceau qui a Ă©tĂ© le creuset de l'unitĂ© culturelle de l'Afrique noire.
Abstract : Sticks, clubs and scepters in Ancient Egypt and Black Africa â The author pursues his research into the material culture of Ancient Egypt and traditionnal Black Africa. In a previous paper he studied the hoe farming tool (cf. Ankh n°2). Here he investigates, sticks, clubs and scepters. Comparisons concern their respective vocabulary, shape, the way they are used, and their symbolic significance. The systematic nature of similarities revealed bars us from simply attributing these to chance and points to direct and sustained contacts between the populations. When and where did these contacts take place ? The main underlying question is to identify the cradle of the Black Africa's cultural unity.
Ankh n°4-5, 1995/1996, pp. 123 - 133.
Les coiffures : un autre exemple de parentĂ© entre l'Ăgypte ancienne et l'Afrique noire
RĂ©sumĂ© : Dans les prĂ©cĂ©dents numĂ©ros da la revue ANKH (1993, 1994), l'auteur a prĂ©sentĂ© des Ă©tudes comparatives entre l'Ăgypte pharaonique et le reste de l'Afrique noire, portant sur les instruments aratoires et les sceptres. FidĂšle Ă son approche mĂ©thodologique (ANKH, 1992), il aborde dans la prĂ©sente Ă©tude les coiffures. Il ne s'agit pas d'une enquĂȘte exhaustive mais d'un simple survol circonscrit Ă l'Afrique occidentale, ayant essentiellement pour but de montrer que quel que soit le domaine choisi, le chercheur peut trouver des Ă©lĂ©ments de parentĂ© saisissants entre l'Ăgypte ancienne et l'Afrique subsaharienne.
Abstract : THE HEAD-DRESS : ANOTHER EXAMPLE OF RELATIONSHIP BETWEEN ANCIENT EGYPT ANS BLACK AFRICA â In the previous issues of the review ANKH (1993, 1994), the author's comparative studies between Pharaonic Egypt and the rest of Black Africa, focused on farming instruments and sceptres. True to his methodologic approach (ANKH, 1992), he tackles in the present study with the head-dress. It is not strickly speaking an exhaustive investigation but a simple overview through limited to Western Africa, mainly aiming at showing how, whatever the field chosen, the researcher may find starling elements of relationship between Ancient Egypt and Sub Saharian Africa.
Ankh n°6-7, 1997/1998, pp. 55 - 73.
Ăgypte ancienne et Afrique Noire : autour de l'eau
Résumé : L'auteur étudie le thÚme de l'eau en Egypte ancienne et en Afrique Noire. Il en dégage les significations ontologique et théologique. La mise en évidence de la parenté profonde entre l'Egypte ancienne et le reste de l'Afrique Noire est renforcée par une comparaison lexicologique portant sur les termes relatifs à l'eau (hydronymie). L'un des exemples les plus frappants est celui de l'Etymologie du nom du Nil. L'auteur est conduit à reconsidérer le problÚme de l'inter-communicabilité des réseaux hydrographiques liés aux fleuves Nil, Niger et Sénégal.
Abstract : Ancient Egypt and Black Africa : On the Subject of Water. â The author studies the theme of water in Ancient Egypt and in Black Africa. He comes out the ontological and theological signification of water. The bringing up to light of the deep relationship between Ancient Egypt and the rest of Black Africa is reinforced by a lexicological comparison concerning the terms in relation with water (hydronimy). One of the most striking examples is that of the etymology of the names of Nile river. He is led to reconsider the problem of the inter communicability of the hydrographical networks concerning the Nile, Niger and Senegal rivers.
Ankh n°8-9, 1999/2000, pp. 44 - 57.
Toute l'histoire d'AhmĂšs-Nefertari est dans son nom
RĂ©sumĂ© : La reine AhmĂšs-Nefertari, fille de SeqenenrĂȘ et Ahotep, Ă©tait aussi l'Ă©pouse du pharaon Ahmosis, le vainqueur des envahisseurs Hyksos. Ce couple royal inaugure la XVIIIĂšme dynastie (vers 1550 av. J.C.). Le nom de la reine AhmĂšs-Nefertari et ses diffĂ©rentes graphies sont le reflet du rĂŽle capital qu'elle a jouĂ© dans le redressement de l'Egypte. Le texte ci-aprĂšs, extrait de l'ouvrage de l'auteur L'affaire des momies royales - La vĂ©ritĂ© sur la reine AhmĂšs-Nefertari, fait une revue critique des interprĂ©tations proposĂ©es jusqu'ici par les Ă©gyptologues des variantes graphiques du nom AhmĂšs-Nefertari. Il restitue, en ayant recours Ă la langue peule (le pulaar), Ă la culture nĂ©gro-africaine en gĂ©nĂ©ral ainsi qu'au contexte historique, le sens symbolique profond du nom de la reine AhmĂšs-Nefertari intimement associĂ© Ă la notion de bienfaisance.
Abstract : The whole story of Ahmes-Nefertari is within her name. Queen AhmĂšs-Nefertari, daughter of SeqenenrĂȘ and Ahotep, was also Pharaoh Ahmosis's spouse, who was victorious over the invaders Hyksos. It is this royal couple who starts the XVIIIth dynasty (around 1550 B.C). The name of the queen Ahmes-Nefertari and its different written forms reflect the capital role that was hers in Egypt renaissance. The text hereafter, taken from the author's work L'affaire des momies royales - La vĂ©ritĂ© sur la reine Ahmes-Nefertari (The affair of the royal mummies - The truth about Queen Ahmes-Nefertari), makes a critical review of the interpretations proposed up to now by Egyptologists with regards to the written variants of the name Ahmes-Nefertari. By using the Peul language (the Pulaar), referring to the Black African culture in general as well as to the historical context, he succeeds in giving back to Queen Ahmes-Nefertari's name its deep symbolical meaning which is intimately associated to the notion of beneficial action.
ANKH n°10-11, 2001-2002, pp. 132 - 143.
MOĂSE : essai Ă©tymologique
RĂ©sumĂ© : En 1953, J. Gwin Griffiths publiait dans le Journal of Near Eastern Studies un article d'une grande importance intitulĂ© : The Egyptian derivation of the name Moses. L'auteur y faisait la synthĂšse des diffĂ©rentes hypothĂšses sur l'Ă©tymologie et le sens du nom "MoĂŻse". Au terme de ce texte, Griffiths avait conclu Ă l'origine Ă©gyptienne du nom tout en lui trouvant une Ă©tymologie qu'il voulait dĂ©finitive. Cependant, l'Ă©gyptologue n'avait pas manquĂ© auparavant de montrer que le point de vue qu'il dĂ©fendait ne faisait pas l'unanimitĂ© parmi ses pairs. Dans le prĂ©sent texte l'auteur revisite l'article de Griffiths pour montrer que la thĂšse qui a prĂ©valu chez la majoritĂ© des Ă©gyptologues, anciens comme modernes, est loin d'ĂȘtre plus assise que celle qu'ils ont presque tous rejetĂ©e : celle qui associe le nom de MoĂŻse Ă l'eau. Il fonde sa dĂ©marche sur les donnĂ©es de la tradition musulmane, de la Bible et de l'Ă©gyptologie.
Abstract : Moses : An etymologic essay. In 1953, J. Gwin Griffiths published in the Journal of Near Eastern Studies an article of a great importance entitled The Egyptian derivation of the name Moses. The author made in it synthesis of the different hypotheses on the etymology and the meaning of the name "Moses". At the end of this text, Griffiths had concluded to an Egyptian origin of the name finding to it although an etymology he wanted to be definitive. The Egyptologist hadn't omitted previously to show that his peers didn't agree unanimously on the point of view he has defending. In this text the author reconsiders Griffiths's article to show that, the thesis that prevailded among the majority of Egyptologists, whether ancient or modern, is far from being better established than the one that nearly all of them have rejected : The one which associates the name of Moses with water. He bases his approach on the data of the Muslim tradition, the Bible and Egyptology.
ANKH n°12-13, 2003-2004, pp.
L'origine des Peuls : les principales thÚses confrontées aux traditions africaines et à l'égyptologie
RĂ©sumĂ© : AprĂšs une brĂšve revue critique de diffĂ©rents travaux consacrĂ©s Ă l'origine des Peuls ou Fulbe, utilisant essentiellement les donnĂ©es des traditions africaines et de l'Ă©gyptologie l'auteur dĂ©montre l'origine nilotique de ce peuple. Il Ă©claire Ă©galement d'une lumiĂšre nouvelle les relations existantes entre les Fulbe et les Haal-pulaar-en. Le prĂ©sent article rĂ©sume, tout en l'actualisant, l'ouvrage de l'auteur intitulĂ© âDe l'origine Ă©gyptienne des Peulsâ.
Abstract : The origin of the Peul: the principal thesis confronted to the African traditions and to Egyptology. After a brief critical review of different works consecrated to the origin of the Peul people or Fulbe, using the data of the African traditions and the Egyptology, the author demonstrates the origin of this people as being from the Nile region. He puts under a new light as well, the existing relations between the Fulbe and the Halaar-pulaar-en. The present article sums up, as well it actualises it, the work of the author entitled âDe l'origine Ă©gyptienne des Peulsâ.
Les noms sociaux en fulfulde
Essai de description de la construction des noms sociaux chez les Peuls
Salamatou Sow
Résumé
Les constructions des identitĂ©s sociales chez les Peuls reposent sur plusieurs paramĂštres dont lâactivitĂ© Ă©conomique primordiale basĂ©e sur la vache et le pastoralisme qui crĂ©e une identification sociale plus spĂ©cifique autour des clans et des lignages dans la brousse, et lâactivitĂ© politico-religieuse Ă travers lâislam et les conquĂȘtes territoriales qui crĂ©ent une fraternitĂ© islamique dans les citĂ©s et les rĂ©gions conquises, en inventant une identification plus large basĂ©e sur les territoires. Avec lâhistoire coloniale et la crĂ©ation des Ătats-nations, lâidentitĂ© devient nationale, la citoyennetĂ© prend le pas sur les identitĂ©s particuliĂšres et les noms sociaux manifestent cette dynamique dâune construction identitaire multiple chez les Peuls.
Abstract
Social Names in Fula: An Attempt to Describe the Construction of Social Names among the Fulani. â Social identities among the Fulani are constructed on several grounds. On the one hand, the primary economic activity cattle-herding creates a social identification with clans and lineages in the bush country. On the other, political and religious activities involving Islam and conquest give shape to an Islamic fraternity in conquered areas and towns, by inventing a broader identification based on the territory. Following colonialism and the formation of nation-States, the sense of identity has become national. Citizenship takes precedence over particularistic identities, and social names provide evidence of the moving construction of multiple identities among the Fulani.
Texte intégral
Nous appelons noms sociaux ceux par lesquels les Fulâbe se dĂ©signent pour se distinguer les uns des autres en tant que membres dâune mĂȘme communautĂ©. Nous savons que les identitĂ©s peules ont Ă©voluĂ© dâabord Ă travers une identitĂ© basĂ©e sur le pastoralisme et centrĂ©e sur la vache, ensuite Ă partir de lâislam et des conquĂȘtes territoriales qui ont donnĂ© un autre type dâidentitĂ© centrĂ©e sur les territoires ou autour dâune action qui a caractĂ©risĂ© historiquement le groupe, et enfin la colonisation qui a introduit une identitĂ© plus large Ă travers lâensemble français et dans les Ătats-nations actuels. Comme lâaffirment les Fulâbe dans leur sagesse : Nde neâdâdo maayaay fuu tagidaaka (Tant que lâhomme nâest pas mort, il nâa pas fini dâĂȘtre crĂ©Ă©). LâĂȘtre humain, tout comme la vie, est une entreprise dynamique.
La sociĂ©tĂ© peule nâayant pas Ă©voluĂ© au mĂȘme rythme, nous trouvons aussi bien des Peuls dĂ©vouĂ©s encore Ă lâĂ©levage et Ă la vache appelĂ©s « Peuls de la vache » (« Fulâbe naâi »), que ceux attachĂ©s Ă lâislam et Ă lâinstruction coranique dĂ©signĂ©s comme « Peuls du Livre » (« Fulâbe diina »), ou ceux qui tiennent le pouvoir dans les grands territoires considĂ©rĂ©s comme « Peuls du tambour » (« Fulâbe tube »). Parmi ces Peuls vivent ceux de la citĂ© moderne qui sont fonctionnaires de lâĂtat, commerçants, etc., dont les activitĂ©s sont ancrĂ©es dans la vie moderne.
Nous essaierons de dĂ©crire dans cet article le profil du Peul actuel avec ses identitĂ©s multiples et diverses ainsi quâĂ travers les mots avec lesquels il construit ces identitĂ©s.
Nous présenterons dans une premiÚre partie les identités claniques et lignagÚres, ensuite les identités spatiales ou territoriales, et enfin les nouvelles identités nationales pour dégager la nouvelle dynamique identitaire dans cette époque de démocratie et de globalisation.
Les Peuls de la vache
Lâorganisation clanique primordiale
Ă lâorigine, les Fulâbe se reconnaissent Ă travers quatre grands clans qui sont en harmonie dâune part avec les Ă©lĂ©ments de la nature, le feu, lâair, la terre et lâeau ; et dâautre part avec les robes des bovidĂ©s, jaune, rouge, blanc, noir (Ba & Dierterlen 1961 : 51). Les pasteurs, vivant au rythme des vaches et de leurs besoins, ont une connaissance aiguĂ« de la nature et de son cycle : les mouvements du soleil, de la lune, des Ă©toiles et le cycle des saisons. Du fait de cette vie dans la nature, les Peuls ont construit une identitĂ© qui les place sous le toit du ciel dans la « maison du monde » (« suudu duuniya »), dont les repĂšres demeurent les points cardinaux et les astres.
Les clans : une identification originelle
Les quatre clans primordiaux sont : Jal, Jallo (Dial, Diallo), Ba, Bari, Soh (Sow). à chaque clan est associée une direction, un élément de la nature, une robe de bovidé auquel il est identifié. Ainsi :
â Jal ou Jallo est associĂ© Ă lâest, au soleil levant, avec le feu comme symbole et la vache jaune oole comme alliĂ©e ;
â Ba est configurĂ© Ă lâouest, au soleil couchant, symbolisĂ© par lâair et associĂ© Ă la vache rouge woodeeye ;
â Bari est placĂ© au nord, avec la terre comme symbole et la vache blanche raneeye comme alliĂ©e ;
â Soh a sa place au sud, avec lâeau comme symbole et la vache noire baleeye comme alliĂ©e.
Cette construction de lâidentitĂ© premiĂšre des Fulâbe doit ĂȘtre comprise dans le contexte de son « invention » cosmique : lâhomme en harmonie avec la nature Ă partir de laquelle il trouve son activitĂ© (Ă©levage) et sa raison de vivre (la vache comme offrande divine). On parle de ce sentiment de peuple Ă©lu pour servir la vache sacrĂ©e, parce que lâoffrande divine conditionnera fortement lâidentitĂ© des Fulâbe naâi.
Un des traits les plus pertinents de cette division clanique rĂ©side dans la nĂ©cessitĂ© de placer fortement lâidentitĂ© de lâindividu dans son clan en rapport avec le monde plutĂŽt que dans sa famille restreinte : lâindividu appartient Ă son clan avant dâappartenir Ă sa famille.
Ces noms claniques ont encore leur importance de nos jours. Ils sont trĂšs vivants dans lâouest du monde peul (GuinĂ©e-Conakry, GuinĂ©e-Bissau, Gambie, SĂ©nĂ©gal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso et lâouest du Niger), mais ne sont plus utilisĂ©s Ă partir de lâest du Niger et dans toute la partie orientale du monde peul (est du Niger, nord du Nigeria, nord Cameroun, Tchad, RĂ©publique Centrafricaine Soudan, etc.). Ils sont appelĂ©s jettooje (pl.) yettoore ou yettoode (sg) qui vient de yetta « remercier, louer ». Câest un nom honorifique par lequel on rentre en contact avec un individu et dont le rappel permet de relier lâindividu Ă son origine, Ă son clan, Ă travers des actes solennels comme la salutation, le remerciement ou Ă travers la parole du griot. Ces noms du temps de lâĂ©levage exclusif appartenaient aux pasteurs libres.
La premiĂšre chose que les gens de ces rĂ©gions habituĂ©s au yettoode vous demande quand vous les rencontrez la premiĂšre fois, câest dâabord votre yettoode avant votre prĂ©nom, parce que ce dernier permet de vous situer dans un ensemble et de louer, Ă travers vous, lâensemble auquel vous appartenez.
Nous pouvons remarquer que ces noms sont formĂ©s majoritairement dâune seule syllabe, ce qui nâest pas conforme Ă la structure des nominaux en fulfulde. Les noms propres peuls authentiques correspondant aux prĂ©noms sont tous formĂ©s de deux syllabes : penndo (prĂ©nom de la 3e fille), yero (prĂ©nom du 3e garçon), etc.
La structure du constituant nominal en fulfulde est :
â CN = base nominale (bn), qui peut ĂȘtre issue dâune racine nominale, dâune racine verbale ou dâune racine adjectivale suivie facultativement dâun affixe + obligatoirement une modalitĂ© nominale (mn).
â CN = bn (Vn, Vv, Va) + (affix.) + modalitĂ© nominale.
Dans la classification des noms en catĂ©gorie + humain/- humain, le fulfulde laisse sans doute une place Ă une catĂ©gorie non classĂ©e qui serait peut-ĂȘtre celle des Dieux. Nous pouvons dans ce cas mentionner ce que notent Diop (1979, t. 2 : 61) et Matthieu (1988 : 38) qui postulent que ces noms seraient dâorigine Ă©gyptienne et renverraient Ă des noms de divinitĂ©s qui symboliseraient chacun un Ă©lĂ©ment naturel (feu, air, terre, eau).
Notons quâentre ces clans existe une parentĂ© Ă plaisanterie dans les liens croisĂ©s, Jallo avec Ba, Bari avec Soh. Les alliances matrimoniales se liaient aussi dans cette parentĂ© Ă plaisanterie. Ces noms ont des variantes Ă travers le monde peul :
â Jal, jallo
Ka, Kan ou Kane
â Ba
Mbaalo, Balde
â Bari
Sangare, ils sont aussi appelĂ©s Moodibaaâbe (les lettrĂ©s)
â Soh
Sidibe, Dikko, Soonde.
En marge de cette classification cohĂ©rente dans sa reprĂ©sentation, existe dâautres jettooje, rĂ©servĂ©s aux Toroâbâbe, une autre fraction des Peuls non identifiĂ©s comme pasteurs mais plus sĂ©dentaires. Ils ont comme noms claniques les plus rĂ©pandus : Ly, Sy et Tal.
Morphologiquement, ce sont des monosyllabes comme les prĂ©cĂ©dents. Les Toroâbâbe entretiennent Ă©galement une parentĂ© Ă plaisanterie avec les Soh. Si lâorigine Ă©gyptienne des Peuls est admise, les Toroâbâbe seraient-ils une fraction, plus sĂ©dentaire donc plus urbaine, des Peuls qui aurait conservĂ© des liens avec le clan qui dĂ©tenait les secrets initiatiques ?
Deux Toroâbâbe ont marquĂ© lâhistoire des Peuls : il sâagit de Ousmane Dan Fodio et de El Hadj Oumar Tall. Ce sont deux chefs religieux, organisateurs de vastes ensembles islamiques. Ils se sont distinguĂ©s dans lâĂ©rudition et dans lâorganisation politique. Les Toroâbâbe, qui partagent la mĂȘme langue et la mĂȘme culture linguistique que les Peuls, sont plus marquĂ©s par la citĂ© et ses pratiques : agriculture, instruction, commerce, etc.
Dâautres populations africaines, comme les Mandingues, les Wolofs, les Serer, etc., ont aussi des noms claniques. On peut reconnaĂźtre les membres de ces communautĂ©s plus urbaines Ă partir de leurs noms claniques : nobles, griots, forgerons, bijoutiers, etc. Ceci marque une diffĂ©rence avec le systĂšme peul construit sur le pastoralisme et qui nâintĂšgre pas les corporations qui appartiennent aux communautĂ©s plus spĂ©cifiquement sĂ©dentaires et urbaines.
Mais de nos jours tous les Peuls ne se reconnaissent pas dans ces grands clans primordiaux. Les migrations successives liĂ©es aux pĂąturages et les alĂ©as climatiques ont dispersĂ© les Peuls dans tout le Sahel et la savane de lâAfrique au sud du Sahara. Ils sâidentifient aussi dans des lignages plus restreints Ă travers lesquels les groupes essayent de prĂ©server leurs particularitĂ©s.
Les lignages : le lien aux ancĂȘtres
Câest une classification importante, surtout dans les groupes restĂ©s plus nomades oĂč lâorganisation est plus restreinte autour dâun ancĂȘtre rĂ©el ou « prĂ©somptif ».
On trouve une multitude de fractions lignagĂšres chez les Woâdaaâbe, qui sont restĂ©s nomades. Ils sont moins influencĂ©s par lâislam et la colonisation. Elles se forment avec :
â âbii <biy- « enfant de », lâĂ©quivalent du Ibn de lâarabe + le nom de lâancĂȘtre auquel sâidentifie le groupe + le morphĂšme nominal marque du collectif « âen » :
âBii Hammaâen
// enfants/Hamma-collectif//
â descendants de Hamma ? »
âBii Koronyâen
« descendants de Korony »
âBii Gaaâen
« descendants de Gaa »
â lâactivitĂ© qui caractĂ©rise le groupe :
Moodibaaâbe « les marabouts » se donnent aux Peuls du clan Bari
Ferooâbe « les migrants » se donnent aux Peuls du clan Soh
â le type de vaches Ă©levĂ©es :
Jallinkoâen, Ă©leveurs de vaches appelĂ©es jalliiji
Bororoâbe, Ă©leveurs de vaches bororo
Les Peuls du Livre et des tambours : le territoire comme repĂšre
Les repĂšres spatiaux porteurs dâidentitĂ© correspondent :
â aux rĂ©gions gĂ©ographiquement ou historiquement importantes ;
â aux terres dâexil, royaumes, gros villages (Fuuta, Maasina, Haayre, Liptaaku, Dallol, Adamaawa, etc.) ;
â aux repĂšres gĂ©ographiques : est (fuunaange), ouest (hiirnaange), nord (soâbâbirre- woyla), sud (hoore-huâdo, hoorâdoore, fommbina).
LâidentitĂ© du Peul a Ă©voluĂ© de la brousse vers la citĂ© Ă travers lâIslam et les conquĂȘtes qui ont fortifiĂ© des positions gĂ©ographiques propices Ă lâĂ©levage et abritant des grandes citĂ©s peules. Dans ce cas, les noms sont construits Ă partir de la racine du nom de la rĂ©gion auquel on ajoute le suffixe -anke au singulier et -ankooâbe au pluriel, ou la derniĂšre syllabe du nom redoublĂ©e + -jo au singulier et + -âbe au pluriel
Fuuta
Fuutanke
Futankooâbe
Maasina
Massinanke
Maasinankooâbe
Adamaawa
Adamaawanke
Adamaawankooâbe
Haayre
Haayranke
Haayrankooâbe
Dallol
Dalloojo
Dallooâbe
Liptaaku
Liptaakuujo
Liptaakuuâbe
Ces noms renvoient, au sens large, à tous les habitants de ces régions, et, au sens restreint, aux clans fondateurs de la région.
Les Peuls des Ătats : biâbâbe leydi (fils de la nation)
LâidentitĂ© territoriale a crĂ©Ă© la notion de âbiiwuraagu (enfant de la maison, du village ou du royaume). Cette appellation Ă©voluera en âbii-leydi (enfant du pays, citoyen).
Nom du pays + -(v)nke au singulier et + -(v)nkooâbe au pluriel, quand le nom du pays finit par une voyelle.
Dans ce cas, deux constructions sont possibles :
â Nom du pays + -(v)nke, (v)nkooâbe ou -naajo, -naaâbe quand le nom finit par une voyelle :
â Nom du pays + -n-aajo au singulier et + -n-aaâbe au pluriel, quand le nom du pays finit par une consonne.
LâidentitĂ© sociale : une Ă©paisseur Ă plusieurs couches
Les identitĂ©s sociales des Peuls sont multiples : elles sont issues de contacts sociaux multiples qui reflĂštent dâabord leurs identitĂ©s dâĂ©leveurs ayant une culture spĂ©cifique construite dans la nature « sous le toit du monde », ensuite de sĂ©dentaires et de musulmans, et enfin de citadins et de citoyens dâun territoire partageant les mĂȘmes valeurs avec les autres. Les noms claniques sont spĂ©cifiques au clan et sont fermĂ©s : les individus naissent Jallo ou Bari, etc. Ces noms ne sont pas interchangeables, appartiennent Ă lâindividu et permettent de le situer dans son clan tandis que lâidentitĂ© liĂ©e Ă un territoire sâĂ©tend aux habitants peuls vivant traditionnellement sur lâaire de ce territoire : nous avons aussi bien des Jallo, des Ba, des Bari et des Soh au Massina, qui peuvent ĂȘtre identifiĂ©s comme des Masinankooâbe (habitants du Maasina, gens du Massina), ce qui est une appellation plus gĂ©nĂ©rale.
Entre les noms claniques et les noms liĂ©s Ă un territoire occupĂ©, les noms des lignages restreints autour dâun ancĂȘtre montrent une identitĂ© spĂ©cifique qui, comme les noms claniques, situent lâindividu dans un lignage quâil partage avec ses « co-descendants ». Les identitĂ©s claniques, lignagĂšres, territoriales sont les formes courantes dâidentification chez les Fulâbe. Elles peuvent sâemboĂźter et participer Ă lâidentification dâun mĂȘme individu.
Le principe morphosyntaxique de la formation du nom social a aussi Ă©voluĂ© dâune formation « religieuse », liĂ©e peut-ĂȘtre aux divinitĂ©s en une syllabe, vers une formation linguistique peule comme dans les noms de lignages et ceux construits Ă partir des territoires, puis vers une intĂ©gration des emprunts nominaux, comme ceux des pays, morphologiquement peulisĂ©s par lâadjonction des modalitĂ©s nominales.
Lâhistoire humaine est un processus dynamique qui conserve et invente des formes sociales et linguistiques dâadaptation aux autres pour rĂ©viser les frontiĂšres hors desquelles on envisage lâautre Ă divers niveaux de diffĂ©renciations claniques, lignagĂšres ou territoriales dont le nom est porteur.
Université de Niamey.
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Vous avez la naßveté de penser que vous serez cru sur parole .Apportez vos références . Quand vous aurez soutenu votre thÚse on verra ce qu' elle vaut. Vos références à Delafosse sans aucune critique ne laisse présager rien de bon .Il y a des thÚses juste bons pour la poubelle.
Quelqu' un qui affirme avoir lu "Nations NĂšgres et Cultures " et qui a ratĂ© le passage sur les Ă©critures africaines me semble ĂȘtre un adepte de la lecture en diagonale des livres et des citations de seconde main .
Voici numérisé pour vous le passage sur l' origine des peuls .Rien n' y manque .Comme vous ne disposez pas de N N C vous vous en servirez . Lisez Lam et autres .
Cheikh anta diop
ORIGINE DES PEULS.
On pourrait croire, au premier abord, que les Peuls se sont formĂ©s dans la rĂ©gion de l'Afrique Occidentale oĂč les Maures et SĂ©mites et les NĂšgres sont restĂ©s longtemps en contact (Delafosse: Les Noirs d'Afrique).
Si l'hypothĂšse d'un tel mĂ©lange doit ĂȘtre retenue, le berceau oĂč il s'est produit doit ĂȘtre cherchĂ© ailleurs, malgrĂ© les apparences.
Les Peuls, comme les autres populations de l'Afrique occidentale, seraient venus d'Egypte. On peut Ă©tayer cette hypothĂšse par un fait capital, le plus important peut-ĂȘtre qu'on puisse apporter jusqu'Ă prĂ©sent. Il s'agit de l'identification des deux seuls noms propres totĂ©miques typiques des Peuls, avec deux notions Ă©galement typiques des croyances mĂ©taphysiques Ă©gyptiennes: le Ka et le Ba.
Quelle place occupent le Ka et le Ba dans les croyances Ă©gyptiennes?
« Le Ka qui vient s'unir au Zet est un ĂȘtre divin qui vit au « ciel et ne se manifeste qu'aprĂšs la mort. C'est Ă tort qu'avec « MaspĂ©ro nous l'avions dĂ©fini comme un double du corps «humain, vivant avec lui, se sĂ©parant du corps au moment de « la mort et rappelĂ© Ă la momie par les rites osiriens. La formule «de la spiritualisation du roi fait constater: tandis qu'Horus «purifie le Zet, le dĂ©matĂ©rialise dans le Bassin du Chacal, il «purifie le Ka dans un autre Bassin, celui du Matin... Ka et «Zet Ă©taient donc sĂ©parĂ©s... et n'avaient jamais vĂ©cu ensemble «sur terre... Dans les textes de l'Ancien Empire, pour dire «mourir, on emploie l'expression «passer Ă son Ka ». D'autres « textes prĂ©cisent qu'il existe au ciel un Ka essentiel... ce Ka... « prĂ©side aux forces intellectuelles et morales; c'est lui qui, tout «à la fois, rend saine la chair, embellit le nom, et donne la « vie physique et spirituelle.
«Les deux Ă©lĂ©ments une fois rĂ©unis, Ka et Zet forment . l'ĂȘtre complet qui rĂ©alise la perfection. Cet ĂȘtre possĂšde des a propriĂ©tĂ©s nouvelles qui font de lui un habitant du ciel, qu'on ' ap'pelle Ba (Ăąme?) et Akh (esprit ?). L'Ăąme Ba, figurĂ©e par l'oiseau Ba, muni d'une tĂȘte humaine, vit au ciel... DĂšs que le roi est rĂ©uni Ă son Ka, il est devenu Ba...» (Moret : Le Nil, p. 212.)
Peu importe que l'interprĂ©tation du Ka et du Ba Ă©gyptiens telle qu'elle est donnĂ©e par Moret, soit entiĂšrement exacte, 1'essentiei est que ces deux notions jouent un rĂŽle indĂ©niable dans l'ul1tologie Ă©gyptienne. Or, Ka et Ba sont les seuls noms totĂ©miques typiques des Peuls. D'aprĂšs ce qui vient d'ĂȘtre dit des LaobĂ©s, nous croyons que c'est Ă eux que les Peuls ont empuntĂ© le nom Sow que nous hĂ©sitons Ă identifier avec le troisĂšme terme Ă©gyptien: Zet. Bari, autre nom totĂ©mique peul, nâest que la synthĂšse de Ba + Ra.
Quant au quatriÚme terme du texte de Moret, Akh, il ne correspond pas à un nom totémique, que je sache, mais à une signification ontologique évidente, en valaf, jusqu'à nos jurs Akh signifie ;, en valaf, ce qu'on est obligé de rendre à autrui lors du jugement, aprÚs la mort, avant de gagner la béatitude éternelle. Il correspond à la fraction de la personnalité d'autrui qu'on a aliénée, directement ou indirectement par atteinte ses biens.
Zet, en égyptien = le cadavre purifié et raide.
Sed, en Ă©gyptien = mort symbolique du roi vieilli et son rajeunissement rituel.
Set, en valaf = propre.
Sed, en valaf = froid, Ă©tat du cadavre; er
verbe, il signifie: cesser de vivre.
Ka, en Ă©gyptien: en rĂ©sumĂ©, l'essence de l'ĂȘtre qui vit au ciel d'oĂč sa figuration par les deux bras levĂ©s vers le ciel dâ oĂč dit les significations suivantes: haut, dessus, grand, Ă©talon..hautteur. Nous avons dĂ©jĂ dit que Ka Ă©gyptien devait se lire Kao qui signifie, en valaf, haut, dessus, Ă©levĂ©, etc...
Ba, en Ă©gyptien, est figurĂ© par un oiseau muni d'une tĂȘte humaine qui vit au ciel. Mais Ba dĂ©signe aussi, en Ă©gyptien., un oiseau terrestre Ă cou long. Or, en valaf, Ba = autruche.
On voit donc que ces notions de la métaphysique égyptien ont connu des sorts différents, suivant les peuples qui les ont transmises; tandis qu'en valaf le sens égyptien est conservé .en peul, quelques-unes d'entre elles, telles que Ka et Ba,sont devenues noms totémiques et, pour ainsi dire, ethniques.
Il faudrait donc supposer que les Peuls font partie de 'ces nombreuses tribus d'oĂč sont sortis des pharaons, au cours de l'histoire, comme c'est le cas aussi pour les tribus sĂ©rĂšres des Sar, des Sen, etc...
On sait que jusqu'à la ViÚme dynastie (époque de la révo'lution " prolétarienne") seul le pharaon avait droit à la mort osirienne et, par conséquent, jouissait pleinement de son Ka e de! son Ba; on sait aussi que plusieurs pharaons ont porté ce nom entre autres le roi Ka, de l'époque protodynastique, dont le tombeau a été découvert à Abydos, par Amélineau. Ceci serait conforme à l'existence d'une branche peule dénommée Kara.
Les autres noms que portent les Peuls, tels que Diallo, etc... sont des noms propres acquis postérieurement dans d'autres milieux; quant à la langue peule, elle forme une unité naturelle avec toutes les autres langues sénégalaises, en particulier, et nÚgres en général.
Le rapport qui a été établi (dans la partie linguistique) entre cette lanngue, le valaf et le sérÚre, ne laisse plus aucun doute sur leur profonde unité.
A l'origine, les Peuls étaient des NÚgres qui se sont métissés par la suite avec un élément blanc étranger venu de l'extérieur.
Il faudrait drait situer la naissance du rameau peul dans la période de l'histoire égyptienne qui va de la XVIIIe dynastie à la BasseEgypte période de grand métissage avec l'étranger (voir la coiffure d'Hator sur la figure qui représente la déesse avec Séti 1er,au Musée du Louvre).
LAM DANS LE TEXTE(précité)
"Sur lâorigine des Ful?e et des Haal-pulaar-en, sujet qui nous prĂ©occupait, un certain nombre dâacquis a Ă©tĂ© fait. Les thĂšses extra-africaines sur lâorigine des Peuls semblent devoir ĂȘtre dĂ©finitivement abandonnĂ©es, du moins telles quâelles ont Ă©tĂ© formulĂ©es jusquâici. Notre travail a dĂ©montrĂ© que lâethnogenĂšse peule a bien eu lieu en Afrique, mĂȘme si elle a impliquĂ© aussi des Ă©lĂ©ments venus de lâextĂ©rieur du continent.
De mĂȘme, le caractĂšre transethnique du Peul a trouvĂ© un Ă©clairage nouveau : le Pullo nâest pas un Blanc originel qui sâest nigrifiĂ© mais un NĂšgre - culturellement et biologiquement - qui sâest mĂ©tissĂ© avec des Ă©lĂ©ments leucodermes en situation de minoritĂ© ethnique.
Cette conclusion fondamentale de notre thĂšse que Cheikh Anta Diop avait dĂ©jĂ avancĂ©e sans cependant avoir eu la possibilitĂ© de lâasseoir sur une argumentation suffisante, Ă©claire dâun jour nouveau toutes les controverses qui ont opposĂ© les diffĂ©rents savants qui se sont intĂ©ressĂ©s Ă la question peule."
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"Si lâethnogenĂšse du groupe poularophone a Ă©tĂ© si malmenĂ©e par les spĂ©cialistes, câest, dans la plupart des cas, Ă cause des limites objectives quâimpose la spĂ©cialisation (nous excluons volontairement le subjectivisme manifeste de certains africanistes). En matiĂšre de longue durĂ©e donc, les collĂšgues doivent sans doute ĂȘtre plus prudents dans leurs conclusions.
Enfin cette thĂšse a fait apparaĂźtre le rĂŽle prĂ©pondĂ©rant que jouent la vallĂ©e du Nil et la civilisation Ă©gyptienne dans la comprĂ©hension des faits historiques de lâAfrique noire. Chaque fois que nous avons replacĂ© un problĂšme dans ses cadres nilotique et Ă©gyptien, tout est devenu clair comme lâeau de roche.
Il ne sâagit donc pas dâune quĂȘte dâun passĂ© glorieux mais plus raisonnablement de la recherche de lâintelligibilitĂ© des faits historiques. Lâhistorien africain nâa pas le choix. Comme le spĂ©cialiste occidental qui recourt Ă la civilisation grĂ©co-romaine pour comprendre les faits de civilisation les plus saillants de sa sociĂ©tĂ©, il doit recourir lui aussi au berceau nilotique pour la comprĂ©hension des faits historiques quâil Ă©tudie. Cheikh Anta Diop lâavait bien compris. Encore une fois, et au risque de nous rĂ©pĂ©ter, la gloire nâa rien Ă voir avec cette dĂ©marche motivĂ©e uniquement par des raisons scientifiques "
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