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Casamance : le point sur l'insécurité

MISE A JOUR : La situation est plus explosive que jamais. Une attaque rebelle contre les militaires a fait deux victimes dans les rang de l'armée sénégalaise le jour de la venue du ministre du tourisme à la sortie d'Oussouye sur la route du Cap Skirring. Ce signal fort à l'attention du monde touristique casamançais doit être pris au sérieux. Après l'attaque à la roquette de l'aéroport et de l'université de Ziguinchor fin août et les bombardements aériens sénégalais qui s'en sont suivis, les rebelles ont intensifiés leurs actions "coup de poing". Sept soldats de l'armée régulière ont été atomisés au lance-roquette début octobre, et les braquages meurtriers sont devenus quasiment quotidiens sur TOUTES les routes de la région y compris le petit axe Ziguinchor-Cap Skirring (plusieurs véhicules braqués en octobre et une éxecution par arme à feu à Djibélor). César Atoute Badiatte, chef d'un maquis rebelle a promis sur une radio privée locale des attaques continues contre les axes routiers et les camps de l'armée sénégalaise. Pour ne rien gâcher, l'armée bissau-guinéenne s'est massée depuis le 14 octobre devant le Cap Skirring (qui constitue la frontière avec la Casamance) suite à un différend territorial et à des incursion de l'armée sénégalaise en territoire guinéen. L'aéroport du Cap Skirring, déjà menacé par les rebelles n'est plus à l'abri d'une attaque bissau-guinéene (voir la rubrique ACTU pour la revue de presse et les sources).

Depuis l'été 2008 la recrudescence des attaques attribuées aux rebelles du MFDC et à des bandits de grand chemin endeuille la Casamance et fait la une des faits divers de la presse locale. Depuis le début de l'hivernage 2009 (mai juin de cette année), les attaques et braquages sont devenus quotidiens y compris dans les zones touristiques. Plusieurs assassinats crapuleux attribués ou non aux rebelles ont également eu pour cibles des personnalités de l'état ou des touristes. Des mines recommencent à être posées et des obus de mortier recommencent à tomber dans les faubourgs ouest de Ziguinchor, à une quarantaine de kilomètres du Cap Skirring. Depuis début septembre près de 650 réfugiés ont fui les zones situées entre Ziguinchor et le Cap, pris entre le feu des rebelles et les bombardements aériens sénégalais. Les habituels discours rassurants tentent de rassurer le chaland pour préserver des intérêts économiques et touristiques. C'est le syndome des "Dents de la Mer" : cacher le plus longtemps possible la réalité aux touristes qui seraient évidemment refroidis (et c'est le moins dire) à la perspective de recevoir un obus de mortier sur le toit de leur hôtel du Cap Skirring ou une balle perdue lors d'une excursion...

A ce jour (2 octobre 2009), le ministère des affaires étrangère français recommande d'éviter tout séjour en Casamance :
Dernière minute En raison de la recrudescence actuelle des violences en Casamance, tout déplacement dans la région est déconseillé, en dehors des villes de Ziguinchor et de la zone touristique du Cap-Skirring. L’axe routier entre ces deux points peut également être emprunté, mais de jour et en convoi. Il est en état de cause recommandé aux voyageurs désirant se rendre en Casamance pour y circuler de prendre contact avec le Consulat général de France au Sénégal pour s’informer de l’évolution de la situation et se signaler.

Le Ministère des Affaires étrangères de Belgique est plus clair bien qu'il insiste sur la région de Bignona (située à 20km du Cap Skirring) :
[...] la région a été le théâtre d'hostilités militaires notamment à proximité de la frontière au sud de Ziguinchor ainsi qu'au nord de la région de Ziguinchor, près de la frontière gambienne. Des bandes armées s'en prennent aux villageois ainsi qu'aux touristes dans la région de Bignona. L'Ambassade conseille aux voyageurs d'éviter absolument le département de Bignona et de rester vigilant. [...] Renseignez-vous après des autorités locales ou de l'Ambassade à Dakar, si vous vous rendez à l'intérieur de la Casamance et en dehors des grandes routes, notamment à cause de la présence de mines dans certains endroits. Aux mois de mai et juin 2009, de nouvelles violences ont eu lieu à l'encontre des populations, d'automobilistes et même de l'armée sénégalaise (dans la région de Bignona). Face à cette situation, les autorités sénégalaises ont décidés d'établir un couvre feu interdisant la circulation sur les axes Zinguinchor-Séléty et Zinguinchor-Sénoba (frontière gambienne - route nationales n°4 et n°5) entre 18h00 et 6h00 du matin. Il est formellement déconseillé de rejoindre Bignona et Ziguinchor en voiture depuis la Gambie. La route entre Ziguinchor et Kolda longeant la frontière Bissau guinéenne doit être évitée pour les mêmes risques de braquage.

Quant au Ministère des Affaires étrangères du Canada il tente un peu de précision :
On recommande aux Canadiens de ne pas s'aventurer au sud de Ziguinchor, près de la région frontalière de la Guinée-Bissau, où des zones de déminage ont été délimitées et des opérations sont en cours. [..] Les visiteurs devraient recourir uniquement à des guides et organisateurs de tours professionnels et renommés, et choisir des établissements d'hébergement réputés. Les déplacements devraient être effectués sur les routes et axes principaux et uniquement de jour. Les régions frontalières avec la Gambie et la Guinée-Bissau (Cap Skirring se situe le long de cette frontière) devraient être évitées.

Bref, quand on sait que ces recommandations, de part même la nature de ceux qui les émettent, sont rédigées en langage diplomatique on ne peut que s'inquiéter de la situation Casamance.

Infos complèmentaires :
Ci-dessous : Carte de la situation d'insécurité en Casamance (braquages, mines, zones interdites, combats)
Voir également la page actu de Cap-Skirring.com avec quelques extraits de presse sur les évènements en Casamance

  Histoire de la Casamance : Conquête et résistance 1850-1920 de Christian Roche. Un tableau des grands événements qui ont marqué l'histoire de cette région du sud du Sénégal au siècle dernier. Cet ouvrage permet de comprendre d'une part les relations entre des populations très diverses et d'autre part leurs réactions à l'égard des Européens.
  La terreur en Casamance : le rapport d’Amnesty International 
  Trois Manifestes pour la paix en Casamance de Jean-Marie Biagui 
  De l’indépendance de la Casamance en Question de Jean-Marie Biagui
  L’administration et le paysan en Casamance de Dominique Darbon 


Vos contributions et commentaires sur le contenu de cette page

  • par Philippe Maudre -1 votes   

    Ma femme voulait qu'on parte au Cap Skirring (où nous avions été y'a 20 ans !) cet hiver. J'ai d'abord rigolé en voyant cette carte car je pensais que c'était un canular. Après vérification, je vois malheureusement que ça chauffe dur. Je n'ai jamais été en Gambie peut-être que ça vaut le coup cette année ?

  • par Jean-louis des bois 1 votes   

    Ecoeuré ! tombé amoureux de cette région il y a douze ans, j'y croyais beaucoup jusqu'à investir pas mal. Je viens de reprendre toute mes billes, la situation est pire que jamais et la Casamance aura du mal à s'en relever...Dommage pour les populations locales et pour les amoureux de paradis !

  • par Jackie Morange 1 votes   

    OOOOOuch ! Je pensais découvrir le Cap en février mais je suis refroidie. Plus quand je vois l'échelle de la carte qu'à la vue des têtes de mort. Personne ne m'a dit que la situation était si chaude d'autant que je suis une cliente régulière de Saint-Louis.