Auteur: janine jirou
Date: 22-08-06 23:51 >>> Répondre à ce message
Voici ce que j'ai trouvé dans le voyageforum.com Asie (merci à Piaf)
Intéressant non?
Contact : Anita Ahuja
President - Conserve
A-116 Madhuban, Vikas Marg
New Delhi 110092
Tel: 011--22413112
Mobile -- 9868212186
Email: conserve@vsnl.com
web: www.conserveindia.org
Source : Libération mardi 27 décembre 2005
C'est un étonnant exemple de recyclage à vocation commerciale. Depuis deux ans, une petite ONG indienne, Conserve, récupère les sacs plastique qui jonchent les trottoirs de New Delhi pour en faire... des accessoires de mode destinés aux pays occidentaux. Sacs à main, ceintures, classeurs, portefeuilles et même, depuis peu, bijoux et chaussures, les collections sorties des poubelles de la capitale indienne atterrissent en effet dans les boutiques chic de Londres, Amsterdam, Milan ou Madrid, où certains sacs se vendent jusqu'à 80 euros. Une initiative non seulement écologique mais aussi créatrice d'emplois : entre la collecte, le tri, la production et le contrôle de qualité, le projet emploie en permanence 300 personnes. Et les bénéfices sont réinvestis dans des projets à vocation sociale pour les communautés qui participent au projet, à savoir des pauvres des environs de New Delhi.
Procédé. Fondé en 1998, Conserve comptait au départ ne s'occuper que des questions de collecte de déchets et de récupération d'énergie. «Mais nous nous sommes rendu compte que la plus grosse pollution provenait du plastique, or aucune ONG ne travaillait sur ce problème», résume la fondatrice, Anita Ahuja. Coup de chance, son mari, Shalabh, est ingénieur. Dans son petit laboratoire, à la maison, il expérimente pour voir s'il y a moyen de réutiliser les sacs plastique usagés. C'est finalement une stagiaire britannique, Bishee Wallace, qui, en 2003, trouve le procédé le plus efficace : une machine capable de transformer les détritus en feuilles colorées facilement malléables, sans avoir à ajouter de colorants. Une amie styliste se propose alors de fabriquer quelques sacs à main. Le résultat est immédiat : «L'idée de départ était surtout de montrer aux autorités municipales qu'il était possible de réutiliser le plastique, mais dès que nous avons présenté nos produits dans un salon professionnel, nous avons récupéré pour 35 000 euros de commandes !», se souvient Anita Ahuja. L'an dernier, Conserve a ainsi vendu pour plus de 100 000 euros de marchandises. Une fois les frais de fonctionnement payés, les bénéfices ont servi à ouvrir une école dans l'un des centres de tri, situé dans un bidonville, spécialisé dans le recyclage en lisière de la capitale. Avec seulement dix kilos de plastique récoltés chaque jour et une capacité de production d'environ 4 000 sacs par mois, la dimension de l'opération reste modeste. Vu la matière première, le potentiel est pourtant énorme : peuplée de quinze millions d'habitants, New Delhi rejette chaque jour 7 000 tonnes de déchets, dont 10 à 15 % de matière plastique. Sans compter la possibilité d'étendre le projet aux autres villes du pays. Conserve a d'ailleurs déjà été approché par des géants comme Ikea, Habitat et Benetton, séduits tant par le produit que par le procédé. L'ONG a malheureusement dû décliner : «Ils demandent des centaines de milliers de pièces, ce qui est impossible vu nos moyens de production artisanaux», explique Shalabh Ahuja.
Plutôt que de monter une usine, ce qui est interdit pour une ONG, Conserve traite en effet avec des particuliers qui travaillent chez eux. «Nous avons deux ambitions : éliminer le plastique et aider les plus pauvres, explique Anita Ahuja. Nous travaillons donc avec les éboueurs, mais cela rend une production centralisée impossible, car ils ne travaillent qu'à l'échelle de leur quartier.» En l'absence d'un ramassage public des ordures, en Inde, ce sont en effet des civils qui collectent et trient tout ce qui peut être recyclé, avant de revendre aux grossistes. Problème : ces éboueurs amateurs délaissent souvent le plastique du fait qu'il faut des centaines de sacs pour obtenir un kilo payé seulement 4 roupies (0,07 euro). Pour les convaincre, Conserve rachète donc le produit quatre fois plus cher, une fois trié et lavé. Et les donne ensuite aux familles qui ont été équipées des fameuses machines à recycler. Les familles revendent alors les feuilles en plastique aux fabricants. «Le gros problème, c'est de retrouver à chaque fois les mêmes couleurs, les clients étrangers sont très exigeants», explique Anita Ahuja.
Accessoires. Jusqu'ici, toute la production est en effet destinée à l'export. «Les Indiens trouvent le processus ingénieux, mais ils ont tendance à penser que le produit est sale puisque la matière première est ramassée dans les rues.» Les Occidentaux, eux, adorent. «La réaction est toujours très favorable, tant sur le produit que sur l'histoire qu'il y a derrière», affirme ainsi David Friedlander, un distributeur français de papeterie et accessoires pour artistes, qui ne vend que les feuilles brutes. «C'est un modèle efficace pour lutter contre la pollution et la pauvreté tout en faisant des affaires.» Loin du commerce équitable, les clients étrangers multiplient en effet par cinq ou dix le prix des produits Conserve une fois qu'ils sont en magasin, comme avec leurs autres fournisseurs. «Les clients font certes leur marge, concède Shalabh Ahuja, mais le fait est que leurs commandes permettent d'éliminer un détritus encombrant, de créer des emplois pour les plus démunis et de lever des fonds pour des projets sociaux, le tout à partir de rien.» Avec les bénéfices de cette année, Conserve espère avoir assez pour ouvrir un centre de formation aux métiers de la mode. «Les éboueurs deviendront stylistes», prévoit déjà Anita Ahuja.
|
|