Auteur: Eddy
Date: 26-03-09 16:33 >>> Répondre à ce message
Cheikh Bamba Dièye (Probable futur maire de Saint-Louis) : ‘Pourquoi et comment nous avons battu la coalition Sopi’
Devant l’incurie de la gestion socialiste de la ville de Saint-Louis, feu Cheikh Abdoulaye Dièye avait créé son propre parti avant d’entrer en compétition pour la mairie de cette localité, les candidatures indépendantes étant alors interdites. Seulement, jamais le fondateur du Fsd/Bj ne parviendra à ébranler le parti au pouvoir à l’occasion d’élections locales. Et c’est ce que son fils, Cheikh Bamba Dièye, qui a pris le flambeau, a réussi le 22 mars. Il a battu à plate couture le mastodonte libéral en tant que tête de liste de Benno Siggil Senegaal et explique, avec le recul, comment l’équipe qu’il a constituée avec Alioune Badara Cissé, Aïda Mbaye Dieng et Cie, y est parvenue. Entretien.
Wal Fadjri : N’êtes-vous surpris par votre victoire dans la commune de Saint-Louis ?
Cheikh Bamba Dièye : Pas du tout parce que cela confirme ce que nous avions perçu durant la campagne, c’est-à -dire cette volonté et cette aspiration profonde au changement. Changement parce que les Saint-Louisiens ont pu constater que, durant les sept dernières années, leur ville n'a pas été bien managée, qu'elle n'a pas eu une équipe municipale de qualité pour répondre aux sollicitations des populations. Et c'est à ce niveau qu'il faudrait comprendre pourquoi ils ont voté massivement pour la liste Benno Siggil Senegaal. Parce qu'au-delà de l'espoir qu'ils ont placé en nous, c'est la liste qui présente le plus de garantie en termes de perspectives et de solutions à apporter à leurs problèmes. C'est une équipe beaucoup plus en phase avec leurs aspirations. Voilà pourquoi nous avions annoncé, avant même la publication des résultats, que Benno Siggil Senegaal allait avoir une victoire éclatante. Nous le sentions chez les populations. Aujourd'hui, nous sommes perçus comme des messies. Mais nous avons le triomphe modeste et n'avons pas le droit d'échouer. Nous allons nous ceindre les reins.
Wal Fadjri : Etes-vous conscients, à présent, que les populations portent un espoir énorme sur vous ?
Cheikh Bamba Dièye : Oui, nous sommes conscients que c'est maintenant que le travail commence. Nous demandons donc aux populations de nous aider à accomplir ce qui est, désormais, une mission. Nous souhaitons que les Saint-Louisiens nous accompagnent quotidiennement et nous interpellent à chaque fois qu'ils sentiront que nous n'œuvrons pas dans la direction souhaitée. La gestion d'une cité requiert une connaissance des aspirations des populations ainsi qu'une expertise réelle des questions de décentralisation et de gestion de proximité. C'est pourquoi les populations ont besoin d'une équipe compétente, sincère, compétitive, dynamique qui rassure. Nous entendons développer Saint-Louis avec les populations et sans exclusive. Nous allons nous préoccuper de tous les Saint-Louisiens, quelle que soit leur appartenance ou leur couleur. Ceux qui n'ont pas voté pour nous, ont aussi besoin d'être aidés et appuyés comme tout bon Saint-Louisien.
Wal Fadjri : Quelles sont vos perspectives pour la commune ?
Cheikh Bamba Dièye : Nous comptons faire de Saint-Louis une ville moderne où il fait bon vivre. Une ville où étrangers comme autochtones éprouveront un plaisir à circuler. Nous avons pour ambition de redresser la ville. Même si la tâche s'annonce ardue, parce qu'ici, tout est priorité, nous nous évertuerons à répondre aux attentes des populations. Nous allons, cependant, mettre l'accent sur l'assainissement, l'éclairage public, la salubrité, la sécurité, la culture, le sport, l’économie locale, la restructuration des aires commerçantes, le management municipal, etc. En fait, dans tous les secteurs d'activités et dans tous les domaines, tout est matière à réflexion, tout est urgence. Dès que nous serons installés à la mairie, nous allons nous atteler à redonner à Saint-Louis son lustre d'antan.
Wal Fadjri : Allez-vous assurer la continuité de certains travaux entamés par l'équipe municipale sortante ou repartir de zéro ?
Cheikh Bamba Dièye : Nous ne sommes pas des nihilistes. Nous allons faire un état des lieux de ce qu’a été la gestion de la mairie durant ces sept dernières années. Nous allons répertorier les bons points et les approfondir en vue d'en faire bénéficier la commune. Nous n'allons pas faire comme à l'avènement de l'alternance, en repartant de zéro. De la même manière, nous allons arrêter et réorienter tout ce qui a été fait et qui ne répond pas au fonctionnement d'une mairie résolument tournée vers le développement. Nous allons, à ce niveau, redéfinir les stratégies et retracer les perspectives.
Wal Fadjri : N’êtes-vous pas en train de récolter les fruits de votre stratégie de communication ?
Cheikh Bamba Dièye : C'est nous qui avons défini notre stratégie de communication. La presse n’est, pour nous, qu'une courroie de transmission qui relaie ce que nous disons. Nous avons su l'utiliser à bon escient. N'oublions que nous sommes aussi des hommes de communication, j'ai été directeur de publication d'au moins trois journaux spécialisés. Ce n'est pas pour rien qu'après les dernières présidentielles et législatives, les Sénégalais m'ont décerné la médaille d'honneur de celui qui a le mieux réussi sa campagne. C'est de l'expertise propre. Si tous les médias m'ouvraient leur antenne 24 h/24 et que mon discours est vide et non captivant ni rassurant, cela ne me servirait à rien. A titre d'exemple, la coalition Sopi 2009 a eu plus de temps d'antenne au niveau des radios locales que nous. Et pourtant, nous avons mieux communiqué. Avec Me Alioune Badara Cissé, Aïda Mbaye Dieng rompus à cet exercice, avec un back-ground incontestable, nous avons mieux communiqué et nous avons gagné. Nous avons utilisé judicieusement les médias pour véhiculer notre message. Nous avions une équipe qui avait des orfèvres en la matière. La politique et le développement, c'est une science, ça ne s'improvise pas. On sait le faire ou on en est incapable. Nous avons réussi là où la coalition Sopi a lamentablement échoué.
Wal Fadjri : Ne craignez-vous pas que votre victoire vous soit arrachée, surtout qu'on parle de recours ?
Cheikh Bamba Dièye : Le peuple souverain s'est exprimé et nous a choisis. Eux, ils ont l'administration avec eux. Ici à Saint-Louis et ailleurs, Benno Siggil Senegaal a affronté de grosses pointures de la coalition Sopi. Ils avaient la force et l'argent avec eux. Mais c'est nous qui avions l'intelligence, le cœur et l'aspiration des populations. S'ils s'arc-boutent sur des recours en annulation, c'est leur droit. Je crois qu'il faut savoir gagner avec grandeur et noblesse. Mais aussi savoir perdre avec grandeur et noblesse. Il faut qu'ils reconnaissent leur défaite. C'est une défaite mémorable, profonde et réelle. Les Sénégalais leur ont prouvé que la force de l'argent n'a aucune emprise sur leur vote. On les a battus en étant faibles financièrement. Les Sénégalais ont sanctionné l'arrogance de gens qui se sont démarqués de leurs préoccupations.
Pour Saint-Louis, l’équipe municipale a eu sept ans pour montrer ses limites. Nous allons mettre en place une dream-team à l'intérieur comme à l'extérieur de Saint-Louis pour centraliser toutes les compétences, toute l'expertise des Saint-Louisiens d'ici et de la diaspora en vue de faire émerger la ville.
Nous les attendons sur un autre terrain, surtout qu'il y a des dispositions qui font qu'ils peuvent se réveiller n'importe quand et installer des délégations spéciales. Il est hors de question, après que les citoyens se sont librement exprimés et que des citoyens s'acharnent à travailler pour ces collectivités que, pour des prétextes politiciens, on revient pour dissoudre ces collectivités locales. Cette ère-là est révolue. Les Sénégalais ont choisi la coalition Benno Siggil Senegaal, il faudrait que les institutions de la République suivent et cadrent avec cette nouvelle donne. Cela passera nécessairement par la dissolution du Sénat et la re-convocation d'élections législatives en juin. Il faut que nous nous battions pour que cela soit.
Wal Fadjri : Et si le gouvernement n’était pas disposé à appuyer les collectivités dirigées par l’opposition comme Saint-Louis ?
Cheikh Bamba Dièye : Nous sommes dans une République et n'attendons que ce que la loi donne à toutes les collectivités locales. Croyez-moi, nous allons mettre la pression qu'il faudra pour que ce qui revient droit à Saint-Louis nous parvienne. Et nous allons y veiller. Et puis, il faut se demander ce qu'un tel appui a de décisif dans la mesure où, pendant sept ans, sept ministres qui ont siégé dans le gouvernement et qui sont des Saint-Louisiens authentiques, n'ont rien apporté à la vieille cité. Des ressources, nous allons en trouver.
Ce qu'il y a aujourd'hui, c'est que les Sénégalais se sont prononcés, comme ils l'ont fait en 2000. C'est par ce même canal qu'ils ont emmené Me Abdoulaye Wade à la présidence de la République. L'Etat du Sénégal n'a pas cessé de fonctionner pour autant. Par conséquent, nous attendons du chef de l'Etat et de l'ensemble de l'administration que la continuité du service public soit une réalité. Nous allons y veiller parce que ce pays nous appartient. Il n'appartient ni à Paul ni à Jean, ni à Modou, ni à Massamba. Et nous allons exiger de la part de nos partenaires que l'Etat ou les différents segments de l'administration se conforment à cette légalité. Nous allons nous battre pour que toutes les collectivités du pays reçoivent ce qui leur revient de droit. L'Etat doit rester l'Etat.
Propos recueillis par Gabriel BARBIER / walf.sn
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