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L'alphabétisation au Sénégal

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Comme dans beaucoup de pays en voie de développement, l'illettrisme et l'analphabétisme sont importants au Sénégal et sont un frein à la croissance. Le Sénégal est particulièrement touché et le taux de scolarisation au Sénégal est inférieur à celui que l'on peut observer dans des pays tels que le Burkina-Faso ou le Bénin. L'enseignement public est pourtant d'assez bonne qualité et les enseignants sont bons. Le problème vient en fait des zones rurales qui sont vraiment défavorisées. La création au milieu des années 90, des «volontaires de l'éducation», ces jeunes bacheliers envoyés en brousse pour une indemnité de 50.000CFA/mois seulement (76 euros) a largement contribué à aider ces populations rurales qui ont de grandes difficultés à envoyer leurs enfants à l'école. Les conditions d'enseignement dans les campagnes sont néanmoins très difficiles. Faire acheter un stylo à 100CFA (0,15 euros) à un enfant tient du miracle. Ne parlons donc même pas des livres. Dans les endroits les plus excentrés, il n'y a qu'un seul niveau de classe pour tous les élèves qui étudient avec une simple ardoise sous une paillote. Les meilleurs élèves comme les moins bons sont donc vraiment pénalisés.

Photos : à droite, le mur d'une institution préscolaire (école maternelle) à Dakar, ci-dessous à gauche, des élèves sous la paillote d'une école de brousse.

L'enseignement moyen et secondaire de la région de Tambacounda, la plus grande du Sénégal, compte 31 collèges et deux seuls véritables lycées ! Beaucoup n'ont pas les moyens d'envoyer leurs enfants en pension ou dans des familles. Ici, les chrétiens Bassaris et Tendas-Bediks sont favorisés puisque souvent les missions catholiques envoient à leur frais les meilleurs élèves dans les meilleures écoles du pays.

Pourtant le Sénégal dépense officiellement près près de 6% de son PIB (5.8% en 2009, 35ème rang mondial) dans l'éducation. Mais 6% de pas grand-chose ne pèsent évidemment pas bien lourd.

En 2009, un enfant sénégalais passait en moyenne seulement 8 ans de vie à l'école (8 ans pour les garçon, 7 ans pour les filles).

A Dakar, il est assez rare de voir un enfant ne pas parler français. A part dans les quartiers les plus pauvres comme Ngor, Pikine ou Yoff-pêcheur, la situation est plutôt bonne quant à l'enseignement primaire. Mais visitez un village comme Fongolembi ou une petite préfecture comme Kédougou et vous vous apercevrez que la plupart des enfants ne parlent pas un traître mot de français. Plus grave, une grande partie d'entre eux ne parle que leur langue locale maternelle (peul, malinké, etc...). Ils sont donc de fait exclus de la vie sociale nationale. Les chiffres sont parlants : 43,3% de la population sénégalaise seulement est alphabétisée, c'est à dire qu'elle connaît les rudiments de la lecture et de l'écriture (chiffres 2009). On peut donc considérer que l'illettrisme touchent plus de 70% de la population. Ce sont évidemment les femmes qui rendent ces chiffres si bas puisque 51.1% de hommes sont alphabétisés (presque un sur deux) alors que chez les femmes ce chiffre est de 29,2% (une sur cinq). En effet, les jeunes filles ont souvent moins de chances de se voir envoyées à l'école. Encore une fois, ces différences s'estompent fortement en région urbaine. A Dakar, on voit même la situation s'inverser petit à petit et plusieurs établissements d'enseignement supérieur voient déjà une majorité de filles dans leurs effectifs. Il est enfin à noter que si la mixité est la règle au Sénégal, de nombreuses écoles, souvent privées, sont des écoles de filles (lycée Kennedy, Immaculée Conception de Dakar, etc...).

 Voir aussi l'article sur la scolarisation dans un village du Saloum dans le bulletin n°14
Voir les chiffres de l'éducation au Sénégal (2005) : nombre d'établissements, d'élèves et d'enseignants par ville

Bibliographie

L'alphabétisation au Sénégal de Manfred Prinz
Le Français et les langues africaines du Sénégal de Pierre Dumont